Page:Loti - Le désert, 1896.djvu/195

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Cependant les pains sont cuits et les feux se meurent ; alors les granits s’éteignent aussi, noircissent, et la pâle lune reprend ses droits, retrouve sa lumière couleur d’argent et d’or. Changement subit des aspects, autre fantasmagorie pour amuser nos yeux qu’une saine fatigue va fermer bientôt.

Des cigales, dans les buissons maigres, dans les invisibles petites plantes rases, nous font une musique de printemps, que nous entendons en Arabie pour la première fois.

Et comme il est l’heure de prier avant de s’endormir, les voilà tous debout, les hommes, Bédouins de Pétra ou Bédouins d’ailleurs, s’orientant vers la Mecque si proche, pour commencer à invoquer ensemble le Dieu des déserts ; — alors tout s’efface devant la grandeur et la majesté de cette prière, au milieu de ces rochers où tombent des rayons de lune…