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cer des opérations militaires ; mais vraiment on ne peut trop lui en vouloir de cette idée, le désert de Pétra n’ayant en lui-même rien pour justifier l’obstination que nous avons montrée.

Vers le soir, les choses paraissent en très bonne voie. Le caïmacam, invisible à cause du ramadan, nous fait dire qu’il est exténué par les jeûnes et les prières, qu’il nous prie d’attendre encore jusqu’après l’heure du Moghreb. Quand il aura pu manger, boire un peu de café, ses idées seront plus claires pour prendre une décision à notre égard. Mais nous sommes moins inquiets à présent, et la route de Palestine par le désert, à la fin, nous semble s’ouvrir.



Au baisser du soleil, je descends avec Léo me baigner dans la mer déserte. Les quelques rôdeurs à coutelas que notre présence a fait surgir dans l’oasis ne quittent pas les abords de nos tentes, — et les chemins du bois de palmiers sont aussi vides que de coutume, entre leurs vieux petits murs piqués d’ossements ; la plage est aussi morte, le long de la mer éternellement bleue, au pied des montagnes éternellement roses.