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Donc, il faut congédier tous ces pauvres Bédouins qui nous avaient amenés jusqu’ici. Ils s’y attendaient, du reste, me sachant aux prises avec le cheik de Pétra ; leurs préparatifs étaient faits, leurs outres remplies à la source fraîche de l’oasis, et, sitôt le congé donné, ils viennent nous faire le baisement de mains des adieux, pressés qu’ils sont de se soustraire aux dangers d’ici.

Ils étaient, en somme, de braves gens assez sûrs, nés au désert moins inhospitalier du Sinaï. Quand nous les regardons s’éloigner sur les sables, il nous semble qu’un dernier lien vient de se rompre entre nous et le monde.



C’est demain matin donc que nous devons repartir pour l’Égypte, avec les vingt hommes et les vingt chameaux loués au vieux Jahl. L’idée de reparaître au Caire nous est particulièrement agaçante. Les amis qui nous croyaient en route pour l’aventure, que diront-ils, nous voyant rentrer comme des promeneurs étourdis qu’on ramène en fourrière, faute