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Il me propose alors de rentrer en Égypte, non plus par le Sinaï, mais par la route des pèlerins de la Mecque (Nackel et le désert de Tih), qui ne demande que dix jours, — en me servant pour ce voyage de l’escorte qu’il m’avait préparée et qui arrivera de Pétra ce soir, à l’heure du Moghreb.

— Renvoie, propose-t-il, tes hommes et tes chameaux ; tu prendras les miens, qui sont meilleurs.

Et j’accepte en remerciant. Refuser, du reste, ne me servirait à rien, puisque je suis entre ses griffes aujourd’hui.

Donc, c’est convenu et nous n’avons plus qu’à traiter des questions secondaires. D’abord celle du prix de location des gens et des bêtes, pour laquelle il se montre très modéré. Ensuite celle de nos rançons à tous : « Autrefois, dit-il, quand des étrangers traversaient Pétra, je prélevais douze livres d’or par personne ; je n’en exigerai que six pour vous, qui n’aurez fait qu’effleurer mon territoire. » Comme procédé, c’est irréprochable et nous nous séparons, les meilleurs amis du monde, avec de très cordiales pressions de mains.