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une sorte de large vallée infinie, majestueusement vide, où croissent quelques genêts, quelques palmiers-doums, quelques longs dattiers solitaires.

Cette vallée est le commencement du désert de Pétra. Nos chameliers déjà se sentent inquiets, en pénétrant sur le territoire du grand cheik.



Cependant nous approchons d’Akabah, qui semble n’être qu’un bois de palmiers, silencieux comme le désert d’alentour. Pas une maison dans les arbres, personne aux abords, personne sur la plage et pas une barque sur la mer ; mais des ossements partout, des crânes de bêtes, des vertèbres jonchent le sable.

C’est l’heure du soir, l’heure d’or. Sur les troncs des palmiers en gerbes, ou sur les longues tiges penchées de ceux qui croissent isolés, l’or est répandu sans mesure, tandis qu’il y a déjà de l’obscurité crépusculaire dans les lointains, dans les dessous de ce bois funèbre et beau.

Nous pénétrons là-dedans, et la voûte magnifique des palmes nous met subitement dans l’ombre. Toujours personne, pas un mouvement, pas un bruit ; mais des petits murs, vieux et croulants, en terre