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caravanes, les arrêtent et les rançonnent, leur sont plus nuisibles que les brigands ou les bêtes.

Dehors, sur le sable ardent, devant le porche éclatant de chaux blanche, nous avons tous deux une discussion violente, au milieu du cercle des soldats en burnous. C’est à notre bourse qu’il en veut tout simplement ; s’il nous garde, c’est pour avoir l’occasion de nous fournir par force des sentinelles de nuit et de nous les faire payer très cher… Et il représente, en somme, l’autorité d’un grand pays ; il pourrait nous faire poursuivre, nous créer des difficultés nouvelles, dans l’inconnu des jours suivants ; donc, il faut le ménager. Je lui propose enfin de payer les sentinelles de nuit tout de même, en y ajoutant un pourboire en plus, s’il nous laisse immédiatement partir, — et il accepte le marché.



Mais la discussion nous a fait perdre une heure, et il est bien tard à présent pour replier nos tentes, nous remettre en route…

Nous resterons donc, de bonne volonté maintenant, les prisonniers de cet imbécile jusqu’à demain matin, et nous accepterons ses inutiles veilleurs.

À vrai dire, c’est un emprisonnement délicieux,