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Dans une excursion de deux jours, en compagnie du chef de Tehaupoo, j’ai vu ce lac de Vaïria qui inspire aux indigènes une superstitieuse frayeur. — Une nuit nous avons campé sur ses bords. C’est un site étrange que peu de gens ont contemplé ; de loin en loin quelques Européens y viennent par curiosité ; la route est longue et difficile, les abords sauvages et déserts. — Figure-toi, à mille mètres de haut, une mer morte, perdue dans les montagnes du centre ; — tout autour, des mornes hauts et sévères, découpant leurs silhouettes aiguës dans le ciel clair du soir. — Une eau froide et profonde, que rien n’anime, ni un souffle de vent, ni un bruit, ni un être vivant, ni seulement un poisson… — « Autrefois, dit le chef de Tehaupoo, des Toupapahous d’une race particulière, descendaient la nuit des Montagnes, et « battaient l’eau de leurs grandes ailes d’albatros ».

… Si tu vas chez le gouverneur, à la soirée du mercredi, tu y verras la princesse Ariitéa : dis-lui que je ne l’oublie point dans ma solitude, et que j’espère la semaine prochaine danser avec elle au bal de la reine. — Si, dans les jardins, tu rencontrais Faïmana ou Téria, tu pourrais de ma