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jeunes femmes, auxquels ses vieux parents lui défendaient de se mêler, faisaient travailler son imagination d’enfant. — Il y avait surtout ces thés qui se donnaient chez les Chinois, et dont Tétouara lui rapportait des descriptions fantastiques, thés auxquels Téria, Faïmana et quelques autres folles filles de la suite de la reine, buvaient et s’enivraient. — Loti y assistait, y présidait même quelquefois, et cela confondait les idées de Rarahu, qui ne comprenait plus.

… Quand elle m’eut bien injurié, elle pleura, — argument beaucoup meilleur……

À partir de ce jour, on ne me vit guère plus aux soirées de Papeete. — Je demeurais plus tard dans les bois d’Apiré, partageant même quelquefois le fruit de l’arbre à pain avec le vieux Tahaapaïru. — La tombée de la nuit était triste, par exemple, dans cette solitude ; — mais cette tristesse avait son grand charme, et la voix de Rarahu avait un son délicieux le soir, sous la haute et sombre voûte des arbres… — Je restais jusqu’à l’heure où les deux vieillards faisaient leur prière, — prière dite dans une langue bizarre et sauvage, mais qui était celle-là même