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vaient leur impassible expression de câlinerie et de nonchalance exotique.

Tiahoui ignorait absolument les secrets du poker et du baccara ; elle ne saisit que d’une manière imparfaite les explications que je pus lui en donner.


Quand les premières notes du piano commencèrent à résonner dans l’atmosphère chaude et sonore, le silence se fit et Rarahu écouta en extase… Jamais rien de semblable n’avait frappé son oreille ; la surprise et le ravissement dilataient ses yeux étranges. Le tam-tam aussi s’était tu, et derrière nous les groupes se serraient sans bruit ; — on n’entendait plus que le frôlement des étoffes légères, — le vol des grandes phalènes, qui venaient effleurer de leurs ailes la flamme des bougies, — et le bruissement lointain du Pacifique……

Alors parut Ariitéa, appuyée au bras d’un commandant anglais, et s’apprêtant à valser.

— Elle est très belle, Loti, dit tout bas Rarahu.

— Très belle, Rarahu, répondis-je…

— Et tu vas aller à cette fête ; et ton tour viendra de danser aussi avec elle en la tenant