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mes nous pas autant que les autres bien habillées et jolies ? »

Elles savaient bien qu’elles l’étaient plus que les autres, au contraire, — et sans cette conviction, probablement, elles n’eussent point tenté l’aventure.

— « Allons plus près, dit Rarahu ; je veux voir là ce qu’elles font dans la maison de la reine. »


Et tous trois, nous tenant par la main, au milieu des tuniques de mousseline et des couronnes de fleurs, nous nous approchâmes des fenêtres ouvertes, — pour regarder ensemble cette chose singulière à plus d’un titre : une réception chez la reine Pomaré.


— « Loti, demanda d’abord Tiahoui, — celles-ci, que font-elles ?… » Elle montrait de la main un groupe de femmes légèrement bistrées, et parées de longues tuniques éclatantes, qui étaient assises avec des officiers autour d’une table couverte d’un tapis vert. Elles remuaient des pièces d’or et de nombreux petits carrés de carton peint, qu’elles faisaient glisser rapidement dans leurs doigts, tandis que leurs yeux noirs conser-