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là, impassible, — et nous continuâmes à causer de nos souvenirs d’Océanie.

Et moi aussi, à la lumière gaie des lampes reflétées par les glaces, au bruit joyeux des conversations, des rires, des toasts britanniques et des verres entrechoqués, — je participais au concert général des banalités et des inepties ; comme eux, je disais d’un ton dégagé :

— « C’est un beau pays que l’Océanie ; — de belles créatures, les tahitiennes ; — pas de régularité grecque dans les traits, mais une beauté originale qui plaît plus encore, et des formes antiques… Au fond, des femmes incomplètes qu’on aime à l’égal des beaux fruits, de l’eau fraîche et des belles fleurs.

» J’ai vu Tahiti trop délicieuse et trop étrange, à travers le prisme enchanteur de mon extrême jeunesse… En somme, un charmant pays quand on a vingt ans ; mais on s’en lasse vite, et le mieux est peut-être de ne pas y revenir à trente. »

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XII

… Mais la nuit, quand je me retrouvai seul dans