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III

Quelques jours après mon retour, on me remit une lettre couverte de timbres américains qui m’arrivait par voie d’Overland. — L’adresse était mise de la main de mon ami Georges T., de Papeete, que les Tahitiens appelaient Tatehau.

Sous l’enveloppe je trouvai deux pages de la grosse écriture enfantine et appliquée de Rarahu, qui m’envoyait son cri de douleur à travers les mers.


RARAHU À LOTI.


Papéuriri, 15 Tannaré 1874. Papéuriri, 15 janvier 1874,
E hoa íno, e Loti iti, Cher ami, ô mon petit Loti,
e ta ú tane iti here, ô mon petit époux chéri,
e ta ú manao raa i Tahiti nei, ô toi ma seule pensée à Tahiti,
ia ora na óe i te Atua mau. je te salue par le vrai Dieu.
Teie taú parau iti ia óe te rahi nei tou peápeá ía óe. Cette lettre te dira ma tristesse pour toi.
Mai te mahana e reva tu ai óe ra, Depuis le jour où tu es parti,
aita ia e faito i tou nei mauiuie tau. rien ne donne la mesure de ma douleur.
Aita roa tu i moe naae tou manao ia oe Jamais ma pensée ne t’oublie.