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piques. C’est triste, le jour pâle, le ciel morne et sans rayons, — le froid qu’on avait oublié, — les vieux arbres sans feuilles, — les tilleuls humides et moussus, — et le lierre sur les pierres grises.

Pourtant, qu’on est bien au foyer ! — quelle joie de les revoir tous, y compris les vieux serviteurs qui ont veillé sur votre enfance : de retrouver les douces coutumes oubliées, les bonnes soirées d’hiver d’autrefois, et comme, au coin du feu, l’Océanie semble un rêve singulier !……

Le matin où je revins à Brightbury, frapper à la porte de ma maison, j’encombrais la rue de bagages, de colis et de caisses énormes.

Tout ce déballage est une des distractions du retour. Les armes sauvages, les dieux Maoris, les coiffures de chefs polynésiens, les coquilles et les madrépores, faisaient bizarre figure, en revoyant la lumière dans ma vieille maison, sous le ciel britannique. J’éprouvai surtout une émotion vive, en déballant les plantes séchées, les couronnes fanées, qui avaient conservé leur odeur exotique, et embaumaient ma chambre d’un parfum d’Océanie.