Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/284

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pierres, toutes les branches, — tout, jusqu’aux moindres mousses. — Rien n’avait changé ; c’étaient bien ces mêmes herbes, et cette même odeur, — mélangée de plantes aromatiques et de goyaves mûres.


Nous suspendîmes nos vêtements aux branches, — et puis nous nous assîmes dans l’eau, savourant le plaisir de nous retrouver encore, et pour la dernière fois, en pareo, au baisser du soleil, dans le ruisseau de Fataoua.


Cette eau, claire, délicieuse, arrivait de l’Oroena par la grande cascade. — Le ruisseau courait sur de grosses pierres luisantes, entre lesquelles sortaient les troncs frêles des goyaviers. — Les branches de ces arbustes se penchaient en voûte au-dessus de nos têtes, et dessinaient sur ce miroir légèrement agité les mille découpures de leur feuillage. — Les fruits mûrs tombaient dans l’eau ; le ruisseau en roulait ; son lit était semé de goyaves, d’oranges et de citrons.


Nous ne nous disions rien tous deux ; — assis