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vert tendre ; leurs cheveux aussi noirs que la nuit étaient crêpés comme ceux des femmes de Nuka-Hiva, dont elles avaient aussi l’expression de sauvage ironie.

Assises sur des pierres, au milieu du ruisseau, les pieds baignant dans l’eau vive, elles chantaient d’une voix rauque un air de l’archipel des Marquises.

Elles se sauvèrent en nous voyant paraître, et, comme nous l’avions désiré, nous restâmes seuls.

XXXII

Nous n’étions pas revenus là depuis le retour du Rendeer à Tahiti. — En nous retrouvant dans ce petit recoin qui jadis était à nous, nous éprouvâmes une émotion vive, — et aussi une sensation délicieuse, qu’aucun autre lieu au monde n’eût été capable de nous causer.

Tout était bien resté tel qu’autrefois, dans cet endroit où l’air avait toujours la fraîcheur de l’eau courante ; nous connaissions là toutes les