Page:Loti - Le Mariage de Loti, 1880.djvu/274

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans résurrection, sans espoir, — puisque celle-là même qui va mourir ne croit plus à rien de ce qui sauve et fait revivre……

Si cette âme était tout à fait mauvaise et perdue, — on en ferait le sacrifice comme d’une chose impure… Mais, sentir qu’elle souffre, savoir qu’elle a été douce, aimante, et pure !… — C’est comme un voile de ténèbres qui l’enveloppe, — une mort anticipée qui l’étreint et qui la glace. Peut-être ne serait-il pas impossible de la sauver encore, — mais il faut partir, s’en aller pour toujours, — et le temps passe et on ne peut rien !……

Alors ce sont des transports d’amour, d’amour et de larmes ; — on veut s’enivrer à la dernière heure de tout ce qui va vous être enlevé sans retour, — et prendre encore, avant la fin qui va venir, tout ce qu’on peut arracher à la vie de joies délirantes et de sensations fièvreuses……

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

XXVII

…… Nous cheminions, Rarahu et moi, en nous donnant la main, sur la route d’Apiré. — C’était l’avant-veille du départ.