exprimaient tout bas leur frayeur, de courir ainsi par mauvais temps dans l’obscurité.
La pirogue, en effet, toucha plusieurs fois sur le corail. — Les redoutables rameaux blancs écorchèrent sa quille avec un bruit sourd, — mais ils se brisèrent, et nous passâmes.
Au large, la brise tomba ; — subitement le calme se fit. Ballottés par une houle énorme, dans une nuit profonde, nous n’avancions plus ; il fallut pagayer.
Cependant la fièvre était passée ; j’avais pu me lever, et prendre en main le gouvernail. — Je vis alors qu’une vieille femme était étendue au fond de la pirogue ; c’était Hapoto, qui nous avait suivis pour aller parler à Taïmaha.
Quand la mer se fut calmée comme le vent, le jour était près de paraître.
Nous aperçûmes bientôt les premières lueurs de l’aube ; — et les hauts pics de Moorea, qui déjà s’éloignaient, prirent une légère teinte rose.
La vieille femme étendue à mes pieds était immobile et semblait évanouie ; — mais les Maoris respectaient ce sommeil, voisin de la mort, que lui avaient donné la fatigue et l’excès de la frayeur ; ils parlaient bas pour ne point la troubler.