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la faible clarté des étoiles ; on n’entendait nulle part aucun bruit. Au milieu de ce silence, le palais de Pomaré prenait ce même aspect qu’il avait autrefois, quand je le voyais dans mes rêves d’enfance. Tout était endormi à l’entour ; Rarahu, rassurée, monta par le grand perron, en me disant adieu.

Je descendis à la plage, prendre mon canot pour rentrer à bord ; tout ce pays me semblait ce soir-là d’une tristesse désolée.

Pourtant c’était une belle nuit tahitienne, et les étoiles australes resplendissaient…

VIII

Le lendemain Rarahu quitta le service d’Ariitéa qui ne s’y opposa point.

Notre case sous les grands cocotiers, qui était restée déserte en mon absence, se rouvrit pour nous. Le jardin était plus fouillis que jamais, et tout envahi par les herbes folles et les goyaviers ; les pervenches roses avaient poussé et fleuri