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XLII

Nous traversâmes encore ce bois, dans la nuit noire.

À la case de Tiatiara-honui, même scène, même cérémonie de réveil, semblable à une évocation de fantômes.

On éveilla un enfant qu’on m’apporta. Le pauvre petit tombait de sommeil ; il était nu. Je pris sa tête dans mes mains et l’approchai de la lampe que tenait la vieille Araignée, sœur de Huahara. L’enfant, ébloui, fermait les yeux.

— « Oui ! celui-ci est bien Atario, dit de loin Taïmaha qui était restée à la porte.

— « C’est le fils de mon frère ?… » lui demandai-je d’une façon qui dut la remuer jusqu’au fond du cœur.

— « Oui, dit-elle, comme comprenant que la réponse était solennelle, oui, c’est le fils de ton frère Rouéri !… ».

La vieille Tiatiara-honui apporta une robe rose pour l’habiller, mais l’enfant s’était rendormi entre mes mains ; je l’embrassai douce-