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près de la lampe… je me trompe, ce n’est pas lui !… »

Elle le reposa sur sa couchette, et elle se mit à examiner d’autres lits où elle ne trouva point l’enfant qu’elle cherchait. Elle promenait au bout d’une longue tige sa lampe fumeuse, et n’éclairait que des vieilles femmes peau-rouges immobiles et rigides, roulées dans des pareo d’un bleu sombre à grandes raies blanches ; on les eût prises pour des momies, roulées dans des draps mortuaires…

Un éclair d’inquiétude passa dans les grands yeux veloutés de Taïmaha :

— « Vieille Huahara, dit-elle, où donc est mon fils Atario… ? »

La vieille Huahara se souleva sur son coude décharné, et fixa sur nous son regard effaré par le réveil :

— « Ton fils n’est plus avec nous, Taïmaha, dit-elle ; il a été adopté par ma sœur Tiatiara-honui (araignée), qui habite à cinq cents pas d’ici, au bout du bois de cocotiers… »