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XXXVIII

DANS LA GRANDE RUE.

La rue bruyante était bordée de magasins chinois ; des marchands qui avaient de petits yeux en amande et de longues queues vendaient à la foule du thé, des fruits et des gâteaux. — Il y avait sous les vérandahs des étalages de couronnes de fleurs, de couronnes de pandanus et de tiaré qui embaumaient ; les Tahitiennes circulaient en chantant ; quantité de petites lanternes à la mode du céleste empire éclairaient les échoppes, ou bien pendaient aux branches touffues des arbres. — C’était un des beaux soirs de Papeete ; tout cela était gai et surtout original. — On sentait dans l’air un bizarre mélange d’odeurs chinoises de sandal et de monoï, et de parfums suaves de gardénias ou d’orangers.

La soirée s’avançait, et nous ne trouvions rien. — La petite Téhamana, notre guide, avait beau regarder toutes les femmes, elle n’en reconnaissait aucune. — Le nom de Taïmaha même était inconnu à toutes celles que nous in-