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XXXIV

Il était nuit close quand le cortège bruyant fit son entrée dans Papeete, au milieu d’un grand concours de peuple.

Au bout d’un instant nous nous retrouvâmes marchant côte à côte, Rarahu et moi, dans le sentier qui menait à notre demeure. Un même sentiment nous avait ramenés tous deux sur cette route, où nous avancions sans nous parler, comme deux enfants boudeurs, qui ne savent plus comment revenir l’un à l’autre.

Nous ouvrîmes notre porte, et quand nous fûmes entrés, nous nous regardâmes……

J’attendais une scène, des reproches et des larmes. Au lieu de tout cela, elle sourit en détournant la tête, avec un imperceptible mouvement d’épaules, une expression inattendue de désenchantement, d’amère tristesse et d’ironie.

Ce sourire et ce mouvement en disaient autant qu’un bien long discours ; ils disaient d’une manière concise et frappante à peu près ceci :