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elle des ondulations lentes et molles qui s’en allaient mourir au loin sur une mer unie comme un miroir. De grands nuages sombres étaient plaqués çà et là dans le ciel, et tranchaient violemment sur la teinte jaune pâle du soir, dans une étonnante transparence de l’atmosphère.

À l’arrière du Rendeer, un groupe de jeunes femmes se détachait gracieusement sur la mer et sur les paysages océaniens. C’était un groupe dont la vue me causa un étonnement extrême : Ariitéa et Rarahu, causant ensemble comme des amies ; auprès d’elles, Maramo, Faïmana et deux autres suivantes de la cour.

Il était question d’un himéné composé par Rarahu, qu’elle venait de leur apprendre et qu’elles allaient chanter ensemble.

En effet, elles entamaient un chant nouveau en trois parties, Ariitéa, Rarahu et Maramo. La voix de Rarahu, qui dominait vibrante, disait nettement ces paroles, dont aucune ne fut perdue pour moi :


— « Heahaa noa iho (e) ! te tara no Paia (e) — « Humble simplement même le sommet du Paia (le grand morne de Bora-Bora)