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fants de deux natures bien séparées et bien différentes, et l’union de nos âmes ne pouvait être que passagère, incomplète et tourmentée.

Pauvre petite Rarahu, bientôt, quand nous serons si loin l’un de l’autre, tu vas redevenir et rester une petite fille maorie, ignorante et sauvage, tu mourras dans l’île lointaine, — seule et oubliée, — et Loti peut-être ne le saura même pas……


À l’horizon une ligne à peine visible commençait à se dessiner du côté du large : c’était l’île de Tahiti. Le ciel blanchissait à l’Orient ; les feux s’éloignaient à terre, et les chants ne s’entendaient plus.

Je songeais que, à cette heure particulièrement voluptueuse du matin, Rarahu était là, énervée par la danse, et livrée à elle-même. Et cette pensée me brûlait comme un fer rouge……

XXXII

Dans l’après-midi, la reine et les princesses s’embarquèrent de nouveau pour retourner à