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firent en tahitien de grands discours, et les himéné chantèrent de joyeux cantiques à l’Éternel.

Le temple était bâti en corail ; le toit, en feuilles de pandanus, était soutenu par des pièces de bois des îles, que reliaient entre elles des amarrages de différentes couleurs, réguliers et compliqués ; c’était le vieux style des constructions maories.

Je vois encore ce tableau original : les portes du fond grandes ouvertes sur la campagne, sur un décor admirable de montagnes et de hauts palmiers ; — auprès de la chaire du missionnaire, la reine en robe noire, triste et recueillie, priant pour sa petite fille, avec sa vieille amie la cheffesse de Papara. Les femmes de sa suite, groupées autour d’elles en robes blanches. Le temple tout rempli de têtes couvertes de fleurs, — et Rarahu, que j’avais laissée partir du Rendeer comme une inconnue, mêlée à cette foule……

Un grand silence se fit quand l’himéné d’Apiré, qui avait été réservé pour la fin, entonna ses cantiques — et je distinguai derrière moi la voix fraîche de ma petite amie, qui dominait le chœur. — Sous l’influence d’une exaltation religieuse ou passionnée, elle exécutait avec fréné-