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ques ; des forêts épaisses, de mystérieux rideaux de cocotiers se penchant sur l’eau tranquille ; — et sous les grands arbres, quelques cases éparses, parmi les orangers et les lauriers-roses.

Au premier abord on eût dit qu’il n’y avait personne dans ce pays ombreux ; — et pourtant toute la population de Moorea nous attendait là silencieusement, à demi cachée sous les voûtes de verdure.

On respirait dans ces bois une fraîcheur humide, une étrange senteur de mousse et de plantes exotiques ; tous les chœurs d’himéné de Moorea étaient là, assis en bon ordre, au milieu des troncs énormes des arbres ; tous les chanteurs d’un même district étaient vêtus d’une même couleur, — les uns de blanc, les autres de vert ou de rose ; toutes les femmes étaient couronnées de fleurs, — tous les hommes, de feuilles et de roseaux. Quelques groupes, plus timides ou plus sauvages, étaient restés dans la profondeur du bois, et nous regardaient de loin venir, à moitié cachés derrière les arbres.

La reine quitta le Rendeer avec le même cérémonial qu’à l’arrivée et le bruit du canon se répercuta au loin dans les montagnes.