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en vivant de la vie citadine, et mainte « Andalouse au sein bruni » eût semblé plus basanée que ma petite épouse. Sans le léger tatouage de son front, sur lequel les autres la raillaient et que moi j’aimais, on eût dit une jeune fille blanche. — Et cependant, sous certains jours, il y avait sur sa peau des reflets fauves, des teintes exotiques de cuivre rose, — qui rappelaient encore la race maorie, sœur des races peau rouge de l’Amérique.

Dans le monde de Papeete, elle se posait et s’affirmait de plus en plus comme la sage et indiscutable petite femme de Loti ; — et aux soirées du gouvernement la reine me disait en me tendant la main : « Loti, comment va Rarahu ? »

Dans la rue, on la remarquait quand elle passait ; les nouveaux venus de la colonie s’informaient de son nom ; à première vue même, on était captivé par ce regard si expressif, par ce fin profil et ces admirables cheveux.

Elle était plus femme aussi, sa taille parfaite était plus formée et plus arrondie. — Mais ses yeux se cernaient par instants d’un cercle bleuâtre, et une toute petite toux sèche, comme celle des enfants de la reine, soulevait de temps en temps sa poitrine.