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l’année 1872. — Jamais on n’y vit tant de fêtes, de danses et d’amuramas.

Chaque soir, c’était comme un vertige. — Quand la nuit tombait les Tahitiennes se paraient de fleurs éclatantes ; les coups précipités du tamtam les appelaient à la upa-upa, — toutes accouraient, les cheveux dénoués, le torse à peine couvert d’une tunique de mousseline, — et les danses, affolées et lascives, duraient souvent jusqu’au matin.

Pomaré se prêtait à ces saturnales du passé, que certain gouverneur essaya inutilement d’interdire : elles amusaient la petite princesse qui s’en allait de jour en jour, quoi qu’on fît pour enrayer son mal, et tous les expédients étaient bons pour la distraire.

C’était le plus souvent devant la terrasse du palais qu’avaient lieu ces fêtes, auxquelles se pressaient toutes les femmes de Papeete. — La reine et les princesses sortaient de leur demeure, et venaient au clair de lune, en spectatrices nonchalantes, s’étendre sur des nattes.

Les Tahitiennes battaient des mains, et accompagnaient le tamtam d’un chant en chœur, rapide et frénétique ; — chacune d’elles à son tour