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VIE DE DEUX CHATTES

ramenée avec moi de là-bas à ma première campagne, et adorée pendant deux ans, qui un beau matin de juin avait, après une courte maladie, exhalé sa petite âme étrangère, en me regardant avec une expression de prière suprême, et puis, que j’avais moi-même enterrée au pied d’un arbre dans notre cour.

Je ramassai, pour la voir de près, la belle pelote de fourrure qui s’étalait si blanche sur ces tapis rouges. Je la pris à deux mains, bien entendu, — avec ces égards particuliers auxquels je ne manque jamais vis-à-vis des chats et qui leur font tout de suite se dire : Voici un homme qui nous comprend, qui sait nous toucher, qui est de nos amis et aux caresses duquel on peut condescendre avec bienveillance.

Il était très avenant, le minois de la nouvelle Moumoutte : des yeux tout flambants jeunes, presque enfantins, le bout