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VIE DE DEUX CHATTES

vis pour la première fois. C’était un soir d’hiver, à un de mes retours au foyer, après je ne sais quelle campagne en Orient ; j’étais arrivé à la maison depuis quelques minutes à peine et, dans le grand salon, je me chauffais devant une flambée de branches, entre maman et tante Claire assises aux deux coins du feu. Tout à coup quelque chose fit irruption en bondissant comme une paume, puis se roula follement par terre, tout blanc, tout neigeux sur le rouge sombre des tapis :

— Ah ! dit tante Claire, tu ne savais pas ?… Je te la présente, c’est notre nouvelle « Moumoutte ». Que veux-tu, nous nous sommes décidées à en avoir une autre : jusque dans notre petit salon là-bas, une souris était venue nous trouver !

Il y avait eu chez nous un assez long interrègne sans Moumouttes. Et cela, pour le deuil d’une certaine chatte du Sénégal,