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CHAGRIN D’UN VIEUX FORÇAT

regardé sans trop m’émouvoir pas mal de douleurs à grand fracas, de drames, de tueries, je m’aperçus avec étonnement que cette détresse sénile me fendait le cœur — et irait même jusqu’à troubler mon sommeil :

— S’il y avait moyen, dis-je, de lui en envoyer un autre...

— Oui, répondit Yves, j’avais bien pensé à cela, moi aussi. Chez un oiseleur, lui acheter un bel oiseau, et le lui porter demain avec la pauvre cage, s’il en est encore temps avant le départ. Un peu difficile. Il n’y a du reste que vous-même qui puissiez obtenir d’aller en rade demain matin et de monter à bord du transport pour rechercher ce vieux dont je ne sais pas le nom. Seulement... on va trouver cela bien drôle...

— Oh ! oui, en effet. Oh ! pour ce qui est d’être trouvé drôle, il n’y a pas d’illusion à se faire là-dessus !..