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LA CHANSON DES VIEUX ÉPOUX

superbes dont les premiers boutons commençaient à monter des vases profondes.

Ensuite elle étendit les loques sur des branches, au gai soleil, et, le soir, tout fut sec, bien replié, bien arrangé ; Toto-San put reprendre sa route errante.


Il s’attela et repartit, par habitude de marcher en roulant quelque chose. Mais derrière lui, la petite voiture était vide. Séparé de celle qui avait été son amie, son conseil, son intelligence et ses yeux, il s’en allait au hasard, débris plus pitoyable à présent, irrévocablement seul sur la terre jusqu’à sa fin, ne retrouvant plus ses idées, avançant à tâtons, sans but ni espérance, dans une nuit plus noire…

Cependant, les cigales chantaient à pleine voix dans la verdure qui s’assombrissait sous les étoiles et, tandis que la vraie nuit descendait autour de l’homme aveugle, on