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on se prosterne à nouveau pour attendre mes ordres.

Voici. Je désire louer pour une heure une guécha, c’est-à-dire une musicienne, et une maïko, c’est-à-dire une danseuse. C’est très bien : on va prévenir deux de ces dames, qui habitent le quartier et travaillent d’ordinaire pour la maison.

En attendant qu’elles viennent, la dînette obligatoire m’est apportée avec mille grâces, sur des amours de petits plateaux… Décidément, il existe encore, mon Japon de jadis, celui du temps de Chrysanthème et du temps de ma jeunesse ; je reconnais tout cela, les tasses minuscules, les bâtonnets en guise de fourchette, le réchaud de bronze dont les poignées figurent des têtes de monstre, — et surtout les révérences, les petits rires engageants, les continuelles minauderies des servantes.

Mais j’avais connu ces choses à la splendeur de l’été ; or, je les retrouve en décembre, et l’hiver de l’année, — peut-être aussi l’hiver de ma vie, — me rendent leur mièvrerie par trop triste, intolérablement triste…