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fume sa pipe. Robe d’intérieur en simple coton bleu. Plus rien de fringant dans le port de tête. Ni apprêts ni postiches dans la chevelure ; deux petites queues grises, nouées sur la nuque à la bonne franquette. Enfin, une personne ayant complètement abdiqué, cela saute aux yeux de prime abord, et je n’en reviens pas.

— Madame Prune, dis-je, voici l’heure du grand adieu.

Petit salut insouciant, en guise de réponse. Debout derrière elle, replète aussi, niaise et un peu narquoise, se tient mademoiselle Dédé.

— Madame Prune, insisté-je, ne me croyant pas compris, je m’en retourne dans mon pays ; entre nous l’éternité commence.

Second salut de simple politesse, et, pour m’inviter à m’asseoir, geste aimable sans chaleur.

Comment, tant de calme en présence de la suprême séparation !… Mais alors, c’est donc que, seul, mon corps périssable aurait eu le don d’émouvoir cette dame, puisque aujourd’hui, délivrée enfin de la tyrannie d’une