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doute parce que tout l’inconnu de la vie n’est plus en avant de mon chemin, et que je suis à peu près sûr aujourd’hui de ne revenir jamais.

Demain donc, ce sera fini du Japon ; le grand large nous aura repris, le grand large apaisant et bleu, qui fait tout oublier, Et nous irons vers le soleil ; dans cinq ou six jours, nous serons dans les pays d’éternelle chaleur, d’éternelle lumière…

Tant d’adieux j’ai à faire aujourd’hui, ayant su me créer en ville de si brillantes relations : madame L’Ourse, madame Ichihara, madame Le Nuage, madame La Cigogne, etc. !

Un temps à souhait ; un doux soleil d’arrière-saison, qui rayonne sur mon dernier jour. Il n’y a vraiment pas de pays plus joli que celui-là, pas de pays où les choses, comme les femmes, sachent mieux s’arranger, avec plus de grâce et d’imprévu, pour amuser les yeux. C’est le pays lui-même que je regretterai, plus sans doute que la pauvre petite mousmé Inamoto ; ce sont les montagnes, les temples, les verdures, les bambous, les fougères. Et, tous les