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la tête dans sa main… Oh ! non, j’aurai préféré n’importe quels mots à cette mimique effroyable… Horreur, j’étais à deux pas des bûchers, dans la maison-de-thé des brûleurs et des croque-morts !

En me sauvant, par le sentier de descente, j’en croisai encore un autre, qui montait à la fête avec son petit. Sa cuve était énorme, à celui-là, et il devait peser lourd, si l’on en jugeait par l’expression angoissée des deux portefaix en sueur ; quant à son petit, un enfant tout jeune sans doute, il s’en allait dans un seau, également enveloppé de linge blanc, que l’un des deux croque-morts s’était pendu à la ceinture. Et, tant le chemin était étroit, il fallut me jeter dans les épines et les fougères pour n’être point frôlé. Quelle figure cela pouvait-il avoir, ce qui était accroupi dans cette cuve, quelle sorte de grimace cela pouvait-il bien faire à madame la Mort ?…

Ainsi j’avais habité longuement Nagasaki à plusieurs reprises, sans découvrir où on les brûlait, tous ces cadavres, avant de les promener si allègrement en ville dans leur gen-