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d’une séparation sans retour, sans lettres possibles, aggravé d’immédiat et éternel silence…


— Quel dommage, me dit une heure plus tard mademoiselle Pluie-d’Avril, assise sur les nattes blanches de son logis, avec M. Swong dans les bras, — quel dommage que tu ne sois pas venu tout droit chez nous ce matin !… Ma grand’mère t’aurait indiqué… Tu serais allé vite à la pagode du Cheval de Jade, où il y avait une grande fête et des danses religieuses ; nous y étions presque toutes, les meilleures danseuses de Nagasaki, et moi je me tenais en haut, comme sur un nuage ; je faisais le rôle d’une déesse, et je lançais des flèches d’or. Mais, ajoute-t-elle, demain après-midi, tu m’entends bien, c’est la fête des guéchas et des maïkos ; ça ne se fait qu’une fois l’an ; nous sortirons toutes en beau costume, par groupes, sous des dais magnifiques, et nous représenterons des scènes de l’histoire, sur des estrades que l’on nous aura préparées dans les rues. Ne va pas manquer ça, au moins !