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dant préféré Nagasaki, mais il n’en est plus question dans le programme de cet hiver, et il faut sans doute en faire notre deuil, nous ne le reverrons plus.

Yokohama, il y a quinze ans, c’était déjà la ville la plus européanisée du Japon. Et depuis, le bienfaisant progrès y a marché si vite, que c’est à n’y plus rien reconnaître. Dans les rues, que des fils électriques enveloppent à présent comme les mailles sans fin d’une immense toile d’araignée, quelle mascarade à faire pitié ! Chapeaux melons de tous les styles, petits complets couleur puce ou couleur queue de rat, tous les vieux stocks de costumes invendables en Europe, déversés à bouche que veux-tu sur ces seigneurs, qui naguère encore se drapaient de soie. De vastes comptoirs modernes, où se liquident à la grosse, pour être exportés en Amérique, des imitations, des déformations truquées de ces objets d’art, trop maniérés à mon goût, mais singuliers et gracieux, que les Japonais jadis composaient avec tant de patience et de rêverie.

Des soldats, partout des soldats, des régi-