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On nous apprit que c’étaient des sous-officiers de la garde, qui pour la circonstance s’étaient mis en civil.

Des serviteurs apportèrent ensuite des gerbes de pivoines artificielles, d’une grosseur invraisemblable ; d’autres vinrent poser un petit arc de triomphe en carton peint ; — et c’étaient les accessoires des danseuses tant désirées, qui enfin parurent…

Une douzaine de petites personnes si drôles, mièvres, pâlottes, avec des airs si pudiques dans leurs robes longues ! De minuscules figures plates, des yeux bridés à ne plus pouvoir s’ouvrir, d’invraisemblables édifices de cheveux en torsade, représentant pour chacune la toison d’une douzaine de femmes normales ; et des petits chapeaux bergère posés là-dessus ! Quelque chose de notre xviiie siècle français se retrouvait dans ces atours, d’une mode infiniment plus ancienne ; elles avaient un faux air de poupées Louis XVI. Jamais sous de tels aspects on n’aurait imaginé des danseuses asiatiques ; mais en Corée tout est saugrenu, impossible à prévoir.