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cachaient derrière un écran de circonstance, à deux poignées, qu’ils tenaient des deux mains, de manière à se l’appliquer hermétiquement sur le visage[1]. — D’ailleurs, dans toute cette bizarrerie des costumes, on ne sentait l’influence ni de la Chine ni du Japon, les deux redoutables pays voisins ; non, c’était quelque chose de très à part, ayant germé ici même, entre ces montagnes, au pied de ces amas de pierrailles grises.

Devant les humbles boutiques ouvertes le long des rues, d’assez monotones et modestes choses s’étalaient au soleil et à la poussière. Beaucoup de harnais, pour ces méchants petits chevaux à tous crins et d’humeur si batailleuse. Beaucoup de bahuts, tous pareils, en laque rouge avec des fermoirs dorés. Et surtout des milliers d’objets en ce merveilleux cuivre de Corée, qui est pâle, pâle comme du vermeil mourant, mais dont l’éclat ne se

  1. C’est dans cet appareil de deuil, très dissimulateur, que l’évêque actuel de Séoul et quelques prêtres, échappés au martyre, se risquèrent à revenir ici, après le dernier grand massacre des chrétiens de Corée.