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et de gentils rires, auxquels nous venions longuement de nous habituer.

Très brusque a été l’ordre de départ. À peine ai-je trouvé le temps de saluer ma belle-mère à en émoi. C’était déjà si court, les deux heures que j’avais, pour aller dans la montagne dire adieu à la mousmé Inamoto…

Faut-il que je l’aie escaladé souvent, le vieux mur de son bois enclos, pour que les traces de mon passage se voient déjà si bien sur le gris des pierres ! je ne l’avais jamais remarqué comme ce jour de départ, il y a de quoi donner l’éveil, et à mon retour il faudra changer de chemin. Dans l’herbe aussi, mon pas a dessiné une vague sente, comme ces foulées que font les bêtes en forêt.

Mousmé qui n’avait pas des yeux ordinaires de mousmé, fleur énigmatique et jolie, fleur de pagode et de cimetière, qu’ai-je su comprendre d’elle, et qu’a-t-elle compris de moi ? Rien que l’un de nous soit capable de définir. Assis côte à côte sur la terre de ce bois, disant des choses forcément puériles, à cause de cette langue dont je connais trop peu de mots, nous