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tout comme sur les laques des plateaux ou des boîtes.

On n’imagine pas ce qu’il y a de dentistes à Nagasaki ; les moindres portefaix ont des dents dorées par leurs soins. Ils travaillent du reste sans mystère, car je me souviens d’avoir vu, par des fenêtres ouvertes, des dames au chignon d’un beau galbe, la tête renversée sur un coussinet et tenant béantes leurs mâchoires, qu’un opérateur semblait perforer avec d’étonnants petits vilebrequins. Ils ont, paraît-il, appris cet art en Amérique. Quantité de matelots de chez nous, séduits par leurs enseignes à images, se sont confiés à eux et les déclarent d’une dextérité merveilleuse.

En ce qui est affaire d’adresse, de patience et d’exactitude, ces petits Japonais ne pouvaient qu’exceller. C’est pourquoi ils se sont approprié si vite l’art de nos électriciens et de nos constructeurs de machines ; on s’étonne seulement qu’ils n’aient pas inventé eux-mêmes, des millénaires avant nous, tout cela, avec quoi ils jonglent aujourd’hui comme des virtuoses.

Et nos plus modernes engins de guerre, qui