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du doigt, et qui remuent, qui se livrent entre eux à des actes, hélas ! souvent bien répréhensibles. Cette mademoiselle Matsumoto, une mousmé de seize ans, qui sent le singe comme sa mère, mais qui est la candeur même, peut sans inconvénient manier de tels sujets, parce qu’elle n’en saisit pas la portée ; les yeux baissés et mi-clos, aux lèvres un pudique sourire, elle donne le mouvement aux subtils mécanismes, plus délicats que des ressorts de montre, et s’y entend à merveille pour mettre ainsi en valeur de menus objets d’art, qui feraient certainement rougir dans leurs cages les pensionnaires du rez-de-chaussée…

De l’obscène et du macabre, amalgamés par des cervelles au rebours des nôtres, pour arriver à produire de l’effroyable qui n’a plus de nom : c’est ainsi qu’on pourrait définir la plupart de ces minuscules ivoires, jaunis comme des dents d’octogénaire. Figures de spectres ou de gnomes, si petites qu’il faudrait presque une loupe pour en démêler toute l’horreur ; têtes de mort, d’où s’échappent des serpents par les trous des yeux ; vieillards ridés, au