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s’amuser, elle aussi. Des messieurs japonais circulent en foule, vêtus de robes de soie ou de petits complets charmants, coiffés, qui d’un melon, qui d’un fashionable canotier, et presque tous, abritant leur vue délicate sous des lunettes bleues, que de solides mais à peine visibles crochets maintiennent derrière les oreilles. Beaucoup de matelots aussi, faisant leurs visites en pousse-pousse, groupés par nation et circulant à la file : cortège de Russes, cortège d’Allemands, etc. ; même, — j’ai le regret de le constater, — ils manifestent leur joie d’une manière trop bruyante peut-être, qui risque de n’être pas appréciée dans ces milieux si courtois, et de jeter un discrédit sur nos éducations occidentales.

Maintenant voici, je crois, un cortège de Français qui s’avance ! Une douzaine de permissionnaires du Redoutable, leurs pousse-pousse alignés comme à l’école de peloton. Et, si je ne m’abuse, le premier, celui qui mène la bande, l’œil au guet, examinant les numéros inscrits sur les lanternes des portes, c’est 233 Legall, fusilier breveté, mon ordonnance !