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seuse, dont il n’avait pas retenu le nom, étant convalescent depuis peu de jours et encore novice en Japonerie. « Elle est pétrie d’esprit, m’avait-il déclaré ; chacun de ses gestes est spirituel. » Et cela m’avait paru beaucoup ressembler à mademoiselle Pluie-d’Avril, cette définition-là.

On entendit enfin dans l’escalier leurs froufrous de soie et leurs rires enfantins.

Elles firent leur entrée, et tombèrent à genoux, leur nez plat contre le plancher. Quatre petites créatures, dans des toilettes ahurissantes ; deux musiciennes et deux ballerines. Et le premier sujet, l’étoile, j’avais deviné juste, c’était mademoiselle Pluie-d’Avril, le jeune chat habillé, le joujou favori de mes mauvaises heures.

L’autre danseuse, une fluette de douze ans à peine, fraîchement émoulue du Conservatoire, s’appelait mademoiselle Jardin-Fleuri ; son nez en bec d’aigle, son petit nez de rien du tout, perdu au milieu de sa figure poudrée à blanc, ses yeux comme deux petites fentes obliques incapables de s’ouvrir, et ses sourcils minces