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la ville de bois de cèdre et de papier de riz, pour un petit dîner japonais intime, avec musiques de guéchas et danses de maïkos, auquel Son Altesse avait bien voulu me convier.

Après que j’ai eu dit à ce prince, dès notre seconde entrevue, combien je suis peu carliste, je me suis trouvé libre de lui témoigner la vraie sympathie à laquelle il a droit en ce moment de notre part à tous. C’est, en somme, un Français ; l’autre jour à bord, quand il était venu si simplement s’asseoir à notre table de marins en campagne, aucun de nous n’avait l’impression qu’il pouvait être un étranger. De plus, il est en ce moment un Français égaré comme moi en pays Jaune, et un qui à risqué par goût sa vie au feu, un qui a brayé aussi le typhus chinois dont il a failli mourir.

Une heure après, dans un « cabinet particulier » de la Maison du Phénix (très recommandée pour les soupers fins de bonne compagnie), nous avions pris place par terre, don Jaime, deux autres invités et moi, déchaussés tous, jambes croisées sur les éternels coussins de velours noir, et aussitôt les éternelles petites