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Pour réfléchir à ce changement de mes lendemains, et essayer de m’y soumettre, j’aurais voulu m’en aller là-haut, sur l’exquise montagne des cimetières, mon lieu de méditation préféré, et m’asseoir devant le soleil couchant. Mais il tombe une petite pluie d’hiver très froide, qui sent la neige. Faute de mieux, j’irai dans la maison-de-thé où mes jouets habituels, mes deux petites poupées à musique, entre les murs de papier, me distrairont avec une guitare et des masques.


Jamais elle ne m’avait paru si mélancolique, la salle vide et blanche, aux parois minces, où je me trouve une heure après, les jambes croisées sur un coussin de velours noir. Mademoiselle Matsuko, la guécha, qui ne prend plus la peine de faire grande toilette en mon honneur, arrive bientôt, modestement vêtue de crépon gris perle, s’assied par terre, gentille et boudeuse, puis commence, d’un air résigné, à gratter les cordes de son « chamecen » avec sa spatule d’ivoire. Dans le silence, dans la lumière grise, déjà crépusculaire, une petite mu-