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le bois sera plein de grandes fleurs jaunes que j’aime beaucoup… Ah ! justement en voici une tige.

Elle se baisse pour la cueillir et me la montrer :

— Tenez, connaissez-vous cela ?

Ah ! si je connais cela ! mais c’est une fleur de mon enfance, qui abonde sur les plages de mon île d’Oléron, espèce de large mauve en satin jaune pâle, qui embaume discrètement. Je suis ému de la retrouver ici, cette fleur de mon pays, entre les mains de la Reine.

Cette promenade si courte, si éphémère et si impossible à renouveler jamais, a pris pour moi quelque chose d’enchanté ! Elle va finir d’ailleurs, hélas ! Il ne nous reste peut-être plus qu’une trentaine de mètres de sentier à parcourir, entre les arbres grêles et gracieux. Après, tout de suite après, il y aura les sables, et la grille, et la porte par où je m’en irai.

À l’orée du bois, la Reine bleue prend congé, se dirige vers la villa, et la dame d’honneur jaune-pensée a la bonté de faire quelques pas de plus pour venir jusqu’à cette grille où mon auto m’attend. Cependant nous nous