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riant la comtesse de C., la dame d’honneur.

(Pourtant je n’ai, moi, que le banal bleu horizon du drap militaire.)

— Vous, madame, lui dis-je, vous devez être éminemment coloriste, car je suis bien sûr que ce costume d’un si joli jaune-pensée, vous l’avez choisi pour faire valoir le bleu de Sa Majesté.

Puisque tout me charme ou m’amuse aujourd’hui, je suis content de savoir que je ne fais pas tache dans ces sentiers, avec mon bleu « qui s’harmonise ». J’ai même plaisir à entendre le petit cliquetis métallique de mon sabre, dont je m’étais déshabitué et qui me rappelle des années plus jeunes… (Depuis la guerre, nous ne portons plus cet objet de parade, mais on sait que, devant des souverains, il est incorrect de paraître sans arme.)

Avec quelle simplicité et quelle grâce juvénile la Reine en passant écarte tout doucement les branches pour me montrer des nids de rossignols :

— Voyez, dit-elle, comme ils sont confiants, nichés si bas !

» Le mois prochain, dit encore la Reine,