Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et il y a tout autour une plate-bande de fleurs de printemps, maigres giroflées surtout, que l’on a réussi à faire pousser là à force de bonne volonté.

En dedans de la maisonnette, c’est un enchantement de simplicité distinguée, de coloris discret et raffiné ; elle est entièrement tendue de soies persanes bleues très légères, dont les grands dessins, rehaussés d’un peu de rose, représentent des portiques de mosquée. Comme meubles, rien qu’une table à écrire et des divans avec des coussins de nuances très claires aux dessins étranges, très simples aussi, mais jamais vus. J’étais sûr que le bleu dominerait dans le réduit intime de cette Reine, que, trop irrévérencieusement peut-être, quand je pense à elle, je désigne ainsi en moi-même : la Reine bleue. Et combien cela lui ressemble aussi, maintenant, hélas ! qu’elle n’a plus de palais, de se complaire dans cette cabane délicieuse, mais si modeste, plutôt que dans ces villas de hasard, meublées au goût de n’importe qui.

La porte est restée grande ouverte sur le jardin sablonneux, sur les arbustes d’es-